Expos & musées

Des fous chez le Fada ?

Cité radieuse Marseille_article

Faut-il être fou pour vivre dans la Maison du Fada ? Pas si sûr, mais le meilleur moyen pour le savoir, c’est d’aller voir.

A Marseille, après la guerre, les logements manquent, alors que faire ? Idée de génie pour certains ou de cinglé pour d’autres, la ville met Le Corbusier sur le coup. La construction de « la Cité Radieuse peut commencer, elle sera terminée en 1952.

Les riverains ne voyaient pas d’un bon œil cette « ville verticale » quand elle s’est érigée, en lieu et place des anciennes bastides provençales. Plutôt une large barre d’immeuble comme un empilement de casiers. Un caisson sculpté dans le béton et posé sur pilotis, pour servir d’abri aux vélos. Peu importe que le bonhomme avec ses contradictions et ses opinons ait déclenché une polémique, dans l’art du bâtir il reste une référence.

On le sent, l’esprit Corbu, dans la poésie des formes simples, très contemporaines, dans les volumes, les couleurs, du bleu et du vert, du jaune ou du rouge, dans l’utilisation des matériaux bruts de son temps, dans le choix de l’exposition solaire parce que, il se plaisait à le souligner : «  l’homme qui se réveille tous les jours avec le soleil et l’air ne peut pas se sentir en peine ».

Son esprit avant-gardiste diffuse dans sa façon de jouer sur la fonctionnalité, l’élégance et la lumière, ses rues intérieures, ses espaces de dialogue pensés pour la rencontre, ses équipements tous azimuts comme sa crèche, son école, sa librairie et son hôtel restaurant…

La « Cité Radieuse », c’est un étonnant lieu de rêverie à la fois audacieux, généreux et solidaire où résonne en creux la notion d’intergénérationnel si chère à Merci Petit. En conciliant tous les espaces, du studio à l’appartement familial, histoire que chaque âge y trouve son compte, Le Corbusier conduit magnifiquement une réflexion sur le comment mieux vivre ensemble.

Et puis tout en haut, en plein ciel, son toit-terrasse et sa cour de récréation, sa pataugeoire, sa piste pour le jogging et sa cheminée, façonnée comme celle d’un paquebot qui relierait l’édifice à la mer.

Désormais, à la place de l’ancien gymnase, un centre d’art contemporain. Depuis que Ora Ito, un autre Fada, mais marseillais celui-là, brillant designer à la carrière fulgurante, passionné d’architecture, même s’il fut (lui aussi) controversé, a édifié son MAMO. MAMO c’est une allusion au MOMA de New York, bien sûr, mais c’est également la contraction de Marseille et Modulor, ce système de mesure inventé par le Corbusier pour concevoir la taille de ses «  unités d’habitation ». C’est aussi Marseille Main Ouverte, en référence à l’une de ses sculptures. Le lien est évident tant la réalisation de l’un est viscéralement « raccord » avec le style de l’autre.

La Cité Radieuse reste néanmoins un lieu d’habitation, avec des vrais gens, qui ont des vraies vies. Vous n’aimeriez probablement pas voir défiler quotidiennement des cars de touristes dans votre porte. Eux, c’est pareil !

Il y a néanmoins des espaces ouverts toute l’année au public, et pas des moindres… La librairie et maison d’édition Imbernon d’abord, spécialisée dans les ouvrages d’architecture et d’urbanisme, forcément. Il y a également l’hôtel Le Corbusier et son restaurant Le Ventre de l’architecte qui surplombe la rade, et où le jeune Chef Jérôme Caprin s’efforce d’inventer tous les jours une nouvelle carte. Et puis le MAMO donc, dont nous avons parlé plus haut.

Vous ne vous contentez pas des couloirs et des parties communes ? Vous tenez absolument à rentrer chez quelqu’un ? Epargnez-vous le porte à porte, la Mairie de Marseille vous a réservé un appartement témoin. Pour planifier votre visite guidée, c’est par là !

 

La Cité Radieuse
280 boulevard Michelet, Marseille 8

 

 

Photos : Psycheau et Sakartoon

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