Expos & musées

Tous aux tableaux !

Aux tableaux_Ecole Saint Thomas d'Aquin_Marseille_article

Saint-Thomas ne croyait que ce qu’il voyait !

Pouvez-vous imaginer une ancienne école, catholique de surcroit, investie par 40 artistes Street Art issus de la scène locale mais aussi nationale et internationale et qui, pendant quatre mois planchent sur le thème de l’école ?

Non ? Alors allez voir par vous-même, et ironie du sort, ça se passe à l’école Saint Thomas d’Aquin à Marseille, ça s’appelle « Aux Tableaux », et c’est jusqu’au 10 octobre.

Cette gigantesque exposition d’art urbain aurait été impensable dans un site culturel balisé. Elle s’intègre parfaitement dans le lieu qui l’abrite, puisque c’est bel et bien l’école qui constitue sa source d’inspiration unique, délimitant ainsi le sujet et le cadre artistique.

Le cours Saint Thomas fut d’abord une vaste demeure typiquement marseillaise créée par le sculpteur, peintre et architecte marseillais Pierre Puget. Devenue plus tard institution catholique, elle acquiert une deuxième existence d’ordre éducatif et moral.

Lorsqu’en 2012 la congrégation religieuse tente de vendre l’établissement à un groupe immobilier, un petit scandale et un procès pour escroquerie s’ensuivent. La Bastide fut inscrite en 2013 aux monuments historiques et une partie des locaux louée à l’association de création Juxtapoz. C’est elle qui mènera le projet avec l’artiste Marseillais Alexandre d’Alessio. L’établissement a entamé sa troisième existence, d’ordre ludique et esthétique, et c’est un pur bonheur !

L’exposition a envahi tout l’espace : salles de classe, murs, fenêtres, escaliers, cours intérieures et préaux sont devenus des supports de l’expression graphique. Les 40 artistes invités se sont appropriés un lieu précis et chacun a réalisé son œuvre sur place à grands coups de pinceaux, bombes, collages, pochoirs, installations ou sculptures.

On découvre des assemblages d’objets surprenants, des constructions bizarroïdes, des dessins naïfs, des fresques géométriques et colorées, des sculptures en papier mâché, des peintures de femme fantasmées, des visages reproduits à l’infini dans une salle rendue opaque, puis des formes blanches, fantomatiques, qui renvoient à l’absence, à l’effacement, « l’école est fermée ». On lui règle son compte !

Chacun dévoile la vision singulière qui l’habite, introduit un regard bienveillant, ou critique et trash qui désacralise le système scolaire. Autant de mélanges bluffant même si l’ensemble reste parfaitement cohérent parce que les résidents se sont côtoyés. Et puis le parcours fléché épouse la chronologie du cursus scolaire, de la maternelle au lycée.

Surtout le thème nous touche forcément puisque l’école, tout le monde connait. Ça réveille en nous des souvenirs que l’on croyait insaisissables, émotions et images remontent en pagaille au contact de ces objets du réel, faits de matière vivante, bureaux, tableaux noirs, craies, patères, cahiers à l’écriture léchée et élevés au rang d’œuvre d’art…

Quand la clameur enfouie des cours de récré d’autrefois rencontre les cris des enfants d’aujourd’hui qui s’esclaffent dans la vraie vie en dévalant les escaliers pleins à craquer de visiteurs venus à la rencontre d’un musée éphémère, on constate que cette fois l’art et la vie fusionnent. Une première à Marseille !

 

Ecole Saint Thomas d’Aquin – Exposition « Aux tableaux 
23 rue Dieudé, Marseille 6

Jusqu’au 10 octobre 2015
Ouvert le mercredi de 13h à 20h, le vendredi, samedi et dimanche de 11h à 20h

 

Photo : l’Appartement

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